Au cours de votre vie, vous avez certainement constaté qu’on pouvait retirer un plaisir intense, une forme de joie profonde en étant totalement impliqué dans une expérience, aussi simple soit-elle. Cela peut être en marchant le matin, en échangeant avec votre fille ou votre fils le soir, en cuisinant, en écoutant un disque … Ces expériences si elles sont vécues en vivant vraiment le moment, marquent alors notre mémoire profondément et le souvenir s’intensifie. A l’opposé, lorsque vous n’êtes pas vraiment attentif à ce que vous faites, lorsque vous avez l’esprit occupé à autre chose en exécutant une tâche, en exécutant deux choses en même temps, vous ne serez pas marqués de la même manière : imaginez-vous discutant avec un ami en regardant la télévision, ou échanger quelques mots avec votre conjoint en pensant à l’avis d’imposition. Le moment ne vous laissera probablement pas un souvenir indélébile.
Avec le vin, c’est encore plus vrai. Les occasions où nous accordons l’attention nécessaire à l’appréciation de notre verre de vin sont rares : il sera rapidement catégorisé en bouche (très bon, bon, moyen, passable, pas bon).
Vous avez la possibilité de démultiplier votre plaisir en acceptant de faire un petit bout de chemin avec les arômes du vin.
Plusieurs paramètres entrent en jeu dans la dégustation d’un vin.
– Le vin : sa qualité va dépendre du travail à la vigne (choix des cépages, les terroirs, la météo, la qualité des maturités du jus et de la peau du raisin, le soin apporté à la vendange, les traitements) et du travail au chai (les méthodes utilisées pour la fermentation et l’élevage).
– Les conditions de la dégustation : à l’intérieur, à l’extérieur, le midi ou le soir, à l’apéritif, avant, pendant ou après un repas, à température idéale ou non, dans un verre à dégustation ou non …
– Et enfin, il y a votre propre condition et disponibilité.
C’est sur ce dernier point que je me propose de nous arrêter aujourd’hui : pour améliorer très sensiblement votre expérience et démultiplier votre plaisir à déguster, vous devez vous faire confiance et vous concentrer quelques dizaines de secondes par vin. Ne refusez idéalement pas un verre de vin pour des raisons de goûts : les goûts évoluent avec l’expérience. La bonne posture, à chaque occasion : curieux(se), attentif(ve) et humble.
– Regardez la couleur du vin, sa profondeur, sa viscosité, sa transparence, son effervescence.
– Sans bouger le verre, passez le vin une première fois à votre nez. Observez. Trouvez deux ou trois adjectifs, en terme d’intensité aromatique et d’arômes.
– Faites tourner le vin dans votre verre, assez vigoureusement avant d’y mettre une nouvelle fois votre nez, observez, cherchez à affiner vos premières sensations. Renouvelez l’expérience si vous le désirez.
– Dégustez le vin en cherchant à le garder quelques secondes de plus que la normale en bouche, et en le faisant circuler. À nouveau, cherchez à caractériser vos sensations, les saveurs, les arômes, l’intensité, la présence de sucre, l’acidité, la longueur en bouche. Acceptez la surprise sans la juger (pas toujours facile).
– Projetez-vous, imaginez ce vin avec un aliment ou un plat idéal. Pendant un repas, commencez par le vin. Puis le plat, enfin, associe le plat et le vin ensemble en bouche. Si l’accord est bien fait, le vin et le plat doivent être magnifiés.
– Regardez l’étiquette, cherchez à identifier les cépages et positionner le vin sur une carte (mentalement ou réellement).
En pratiquant l’attention et ces quelques conseils de dégustation, vous allez améliorer vos capacités d’analyse, progresser à pas-de-géant dans cet univers complexe et un peu intimidant.
Et je ne serais pas surpris que vous y preniez beaucoup plus de plaisir.
Romain